Inizio > Rivista Antonianum > Articoli > Manns Venerdì 19 aprile 2024
 

Rivista Antonianum
Informazione sulla pubblicazione

 
 
 
 
Foto Manns Frédéric , Miscellanea: La féte des Juifs de Jean 5,1, in Antonianum, 70/1 (1995) p. 117-124 .

Summary: With this study the author proposes to individuate thefeast intended in the anonymous indication ofJn. 5,1. Appealing to the use of historico-critical methodology and making a literary analysis, which avails itself of the contribution deriving from the Patristic and Rabbinic tradition, he demonstrates that the Evangelist has in mind the feast of the Tents.

Une étude récente de Rigato1, basée sur les témoignages patristiques de Jean Chrysostome2 et de Cyrille d'Alexandrie3, définit la fête anonyme de Jean 5,1 comme étant la Pentecôte4. D'autres exégètes voient dans cette fête anonyme la Pâque5 en invoquant les témoignages patristiques de Ta-tien6 et d'Irénée de Lyon7 pour appuyer cette hypothèse. D'autres enfin ont proposé la fête des Tentes8, ou la fête de Rosh ha shana9 ou encore la fête de Pourim10. Devant cet évantail d'hypothèses, un problème de métho­dologie se pose tout d'abord. Ce n'est qu'après avoir éclairci les bases mé­thodologiques, que nous pourrons revenir sur le problème de l'identifica­tion de la fête anonyme.

1. Méthodologie

Beaucoup d'auteurs partent de Jean 4,35-38 qui mentionne le prover­be: « Encore quatre mois avant que vienne la moisson » pour définir la fê­te de Jean 5. Jn 4, 35 et 5, 37 citent des proverbes qu'il n'est pas facile d'in­terpréter. L'importance du contexte est évidente lorsqu'on fait l'histoire de la rédaction du texte. Mais l'est-elle aussi quand on étudie les traditions re­prises dans le texte?

Les auteurs reconnaissent qu'entre la fête, le signe et le discours il doit y avoir un lien. Ce principe de lecture est valable et il nous faudra y revenir.

Le recours aux Pères de l'Eglise est permis11. Il fait partie de la Wir-kungsgeschichte. Cependant il faut se rappeler que pour les Pères le sens spirituel est beaucoup plus important que le sens historique. De plus, les Pères de l'Eglise polémisent fréquemment. C'est ainsi qu'Irénée s'en prend aux Valentiniens qui se basaient sur Is 51,2 pour prouver que le Seigneur avait achevé son oeuvre du salut en une année. Clément d'Alexandrie s'en prend aux gnostiques qui contestent la doctrine chrétienne du baptême et Tertullien doit réaffirmer contre les marcionites le dogme de la résurre­ction de la chair.

La méthode qui permettra de résoudre l'énigme de Jn 5,1 est la mé­thode historico-critique12. Elle part de la critique textuelle, passe par l'a­nalyse littéraire, la critique des formes et de la tradition. Ce sont ces diffé­rentes étapes qu'il nous faudra parcourir.

2. Critique textuelle

Nous nous limitons ici aux problèmes que pose le verset 1. Le premier problème est celui de l'article devant le mot heortê. La présence de l'article est attestée en K C, L, K, A, II; vj/ X, 33; Tat, Orig, Cypr. Par contre l'ar­ticle manque en P 66, P 75, A, B, D, N W, Epiph et Chrys. Apparemment les meilleurs manuscrits n'ont pas l'article. Si l'on admet la présence de l'article il faut rappeler que la fête désigne en général la fête des Tentes. 2 R 8,2.65; Ez 45,23, 2 Ch 7,8 et Nb 8,14.18 l'attestent. De plus le manuscrit A porte la fête des Azymes, tandis que le minuscule 131 porte la fête des Tentes. Ces manuscrits datent du neuvième siècle.

3. Critique littéraire

Au verset 1 Jean emploie le verbe anêbê pour parler de la montée de Jésus à Jérusalem. Or ce verbe est réservé pour les fêtes de pèlerinages. On le retrouve en 2,13 et 7,10. Si cette observation est valable, cela signifie que les fêtes de Rosh ha shana et de Pourim, qui ne sont pas des fêtes de pè­lerinage, sont exclues lorsqu'il s'agit d'identifier la fête.

De plus, l'allusion à la guérison faite le jour du sabbat en 7,21 suggère que l'auteur a voulu indiquer un parallélisme entre les chapitres 5 et 7. L'e­xamen de la structure de l'Evangile13 permet d'attester ce parallélisme.

5,1-47 la fête                              7,1-8,58 fête des Tentes

Jésus guérit le paralytique             Rappel de la guérison

Jésus se fait l'égal de Dieu            Jésus se fait l'égal de Dieu

6,1-15 Multiplication des pains     6,22-72 Symbole de l'eucharistie 6,16-21 Nouvel exode. Jésus fait traverser la mer au nouvel Israël.

Si cette structure est valable, la fête de Jean 5 est mise en parallèle avec la fête des Tentes.

La fête des Tentes

Quels sont les éléments de Jn 5 qui permettent un rapprochement avec la fête des Tentes? Une lecture attentive permet d'en déceler plu­sieurs. Dans le récit de la guérison du paralytique la mention des trente huit années de la maladie n'est pas un détail superflu. Jean, lorsqu'il appor­te des précisions topographiques, géographiques ou bien lorsqu'il indique des chiffres précis, exploite un symbolisme qui lui est cher. Or la référence des trente-huit années provient de Dt 2,14 qui précise que le peuple d'I­sraël demeura trente huit années entre Qadesh et le torrent Zared. C'est bien la fête des Tentes qui fait mémoire du passage des juifs au désert et de leur habitat sous les Tentes.

Ce détail nous encourage à scruter l'ensemble du chapitre 5 pour voir s'il y a un lien entre la fête des Tentes et les thèmes de la Résurrection, du jugement et de l'étude de la loi qui sont explicités au cours de la discussion qui suit la guérison.

Le miracle de Jn 5 est un signe de la résurrection spirituelle. La discus­sion passe ensuite à la résurrection des morts en 5,28. Or nous savons que de nombreux textes affirment que la liturgie des Tentes, si elle est célébrée avec foi, mérite le don d'une recréation. Lev R 30,3 met la recréation en lien avec la fête des Tentes14. D'autres textes présentent la fête des Tentes comme annonce de la résurrection des corps. Pour Philon d'Alexandrie la fête évoque l'espoir d'immortalité et la migration du corps présent au mon­de immatériel15. La littérature rabbinique voit dans la tente le symbole de la demeure des justes dans l'au-delà16. La fête des Tentes devenait ainsi préfiguration de la résurrection des corps17.

Le thème du jugement, présent pour toutes les fêtes de pèlerinage, l'est de façon particulière pour la fête des Tentes où il est associé au thème de la Résurrection. Commençons par étudier le thème du jugement associé aux fêtes de pèlerinage.

Dans le Talmud de Babylone, au traité Rosh ha shana 16b, un passage attribué à R. Isaac (vers 300) admet que, si le Shofar n'est pas sonné à la fête du Nouvel An, une calamité frappera les hommes en fin d'année, par­ce que l'Accusateur n'a pas été confondu.

Dans le même traité du Talmud, à la page 16a, une baraïta, c'est à-dire une tradition de l'époque des tannaim, évoque les quatre jugements du monde chaque année: « À Pâque, le monde est jugé pour les produits de la terre; à Pentecôte, pour les fruits; à Succot, pour la pluie; au Nouvel An, c'est l'homme lui-même qui est jugé et son jugement est scellé au jour des Expiations ».

C'est donc principalement à l'occasion des fêtes de pèlerinage que Dieu juge. Satan, faisant partie de la cour céleste selon les dires de Job 1,9-11; 2,4-5; Za 3,1-2 et 1 Hénoch 40,7, se présente devant le tribunal de Dieu pour accuser les hommes. Cette croyance est reflétée dans de nombreux midrashim. Curieusement le midrash Pesiqta Rabbati 45,2 et 47,4 ajoute que Satan accuse Israël même le jour des Expiations18. 1 Hénoch 40,7 affirme que Phanuel a pour mission d'empêcher Satan d'apparaître devant Dieu.

Satan est encore défini comme accusateur dans d'autres contextes, en particulier dans le récit de la chute d'Adam et d'Eve. Le Targum Jonathan Gen 3,4 décrit ainsi la scène: « A ce moment-là, le serpent se mit à dire du mal de son créateur {deletor deberiah) et dit à la femme: Assurément vous n'en mourriez pas! Mais tout artisan déteste son concurrent ».

On se rappelle que le livre de la Sagesse 2,24 avait déjà identifié le ser­pent avec Satan. Le terme araméen de deletor qui est un latinisme renvoie au terme kategor qui est un hapax du Nouveau Testament employé en Ap 12,10.

La fête des Tentes est donc définie comme un jugement de Dieu par la pluie. Il semble que Za 14,17 contienne déjà des éléments de cette réfle­xion. La littérature rabbinique avait associé le pouvoir de la pluie au pou­voir de la Résurrection. Après la fête des Tentes on ajoutait à la deuxième bénédiction du Shemone Esre la mention de la pluie. « Tu es puissant, abaissant ceux qui sont élevés, fort et jugeant les oppresseurs, vivant durant les siècles, ressuscitant les morts, ramenant le vent et faisant descendre la pluie, soutenant les vivants et vivifiant les morts. En un clin d'oeil tu fais germer pour nous le salut. Béni sois-tu Seigneur, toi qui vivifies les morts ». Ce pouvoir de Dieu est exprimé de façon imagée par les rabbins et par la liturgie synagogale qui orchestrent le motif des clés qui sont dans la main de Dieu. Nous citons le texte de Ta'anit 2ab:

« R. Johanan dit: Trois clés sont dans la main du Saint, béni soit-il, qui n'ont pas été remises dans la main d'un envoyé. Ce sont les clés de la pluie, la clé du ventre maternel et la clé de la résurrection des morts. La clé des pluies, car il est écrit en Dt 28,12: Le Seigneur ouvrira son bon trésor, les deux, pour donner la pluie en son temps. La clé du ventre maternel, car il est écrit en Gen 30,22: Le Seigneur se souvint de Rachel et lui ouvrit le sein. La clé de la résurrection des morts, car il est écrit en Ez 37,13: Vous saurez que je suis quand j'ouvrirai vos tombeaux ».

Dans la version du Targum Gen 30,22 il est question de quatre clés. La clé de la nourriture y est ajoutée. Le texte biblique disait simplement que le Seigneur se souvint de Rachel et donna la fécondité (ouvrit le sein). Le Targum Néofiti ainsi que le Targum fragmentaire ajoutent ici une longue glose: « Quatre sont les clés qui se trouvent dans la main du Seigneur de tous les siècles, et ne sont confiées ni à un ange ni à un Séraphin: la clé de la pluie, la clé de la nourriture, la clé des tombeaux et la clé de la stérilité. C'est ainsi que l'Ecriture explique: Le Seigneur vous ouvrira le trésor des deux (Dt 28, 12).

La clé de la nourriture, car il est écrit: Tu ouvres ta main et tu rassasies tous les vivants (Ps 145,16). La clé des tombeaux, car il est écrit: Voici que j'ouvrirai vos tombeaux et je vous ferai remonter de vos tombes, mon peupie (Ez 37,12). La clé de la stérilité, car il est écrit: Le Seigneur se souvint de Rachel dans sa miséricordieuse bonté et il entendit la voix de sa prière et par sa Parole il décida de lui ouvrir le sein ».

Les versets cités par l'auteur du Targum pour prouver que Dieu s'est réservé ces quatre clés contiennent tous le verbe « ouvrir ». Dans la men­talité de notre auteur, il est impossible d'ouvrir quelque chose sans une clé.

Cette tradition targumique nous la retrouvons reprise maintes fois dans la littérature rabbinique. En général, les textes rabbiniques ne parle­ront plus que de trois clés que Dieu s'est réservées: celle de la pluie, celle de la stérilité et celle des tombeaux. Le traité Ta'anit 2a ajoute cependant:

« En Palestine on disait que Dieu avait retenu une quatrième clé; celle de la nourriture, car il est écrit: Tu ouvres ta main (Ps 145, 16). Pourquoi R. Johanan ne parle-t-il pas de cette clé? Selon lui, cette clé est liée à la clé de la pluie ».

Trois autres textes connaissent la même tradition qu'ils attribuent d'ailleurs à des auteurs différents: Pesiqta Rabbati 42, 7; Gen R 73, 4; Dt R 7, 6. Nous nous trouvons en face d'une doctrine commune, puisque la le­cture de la Bible l'avait intégrée et qu'elle était répétée dans plusieurs Mi-drashim.

Pourtant si Dieu se réserve certaines clés pour affirmer son autorité suprême, il ne le fait pas à la manière d'un despote. La tradition juive a af­firmé que dans certains cas, Dieu a fait des exceptions. Mais, en prêtant de façon extraordinaire ces clés, Dieu n'en prête jamais plus d'une à la fois et s'en réserve au moins deux. C'est là une façon imagée de traduire sa sou­veraineté. Ainsi lisons-nous dans le traité Sanhédrin 113a:

« Elie pria et la clé de la pluie lui fut donnée. Il se leva et partit. La parole du Seigneur lui fut adressée en ces termes: Quitte ce lieu, dirige-toi vers l'Orient et cache-toi près du torrent de Kerit, qui fait face au Jourdain. Quelques mois plus tard, le fils de sa maîtresse de logis tomba malade et sa maladie s'aggrava au point qu'il ne lui resta plus de souffle. Elie pria pour obtenir la clé de la résurrection. Mais il lui fut répondu: Trois sont les clés qui ne sont données à aucun envoyé: la clé de la stérilité,la clé de la résur­rection. Devra-t-on dire: Deux clés sont dans la main du disciple et une seule dans la main du Maître? Apporte-moi d'abord la clé de la pluie et prends celle-ci, comme il est écrit: Va, présente-toi à Achab, je veux rendre la pluie à cette contrée ».

A côté du prophète Elie, la tradilion rabbinique a reconnu aussi à un autre personnage charismatique ce don de faire pleuvoir: Honi. Mais, il faut le reconnaître, ce sont là des cas exceptionnels. En règle générale, c'est Dieu qui se réserve les clés de la pluie, des tombeaux et de la stérilité.

Les pluies sont liées à la résurrection et au jugement. Elles sont le si­gne de l'un comme de l'autre. Ceci ressort d'un passage du Talmud de Jé­rusalem, Ber 5,9c:

« Dans la bénédiction sur la résurrection des morts, on mentionne le pouvoir de la pluie et dans la neuvième bénédiction on demande les pluies... Comme la résurrection des morts donne une vie sans fin, ainsi la descente des pluies. R. Hyya bar Abba le comprend à partir d'Os 6,2: Il nous fait revivre après deux jours, au troisième il nous établira et nous vi­vrons devant lui. Appliquons-nous à connaître le Seigneur, sa venue est sû­re comme l'aurore. Et il est écrit: Elie le Tishbite dit à Achab: Vive Dieu s'il y a cette année pluie et rosée que sur ma parole ».

La pluie est promesse de résurrection. Les thèmes du jugement et de la résurrection développés en Jean 5 s'expliquent donc très bien dans un contexte de la fête des Tentes.

Reste le problème de l'Ecriture et de Moïse qui est évoqué en finale du chapitre 5. On se rappelle que selon Dt 31,10-11 la lecture de la loi fai­sait partie de la fête des Tentes. Les Pères de l'Eglise verront volontiers dans les cinq portiques de la piscine le symbole des cinq livres de la Loi. Dans le contexte de la fête des Tentes en Jn 7, 36-39 Jésus s'était pré­senté comme la Sagesse. Il avait crié: « Que celui qui a soif vienne a moi et boive, celui qui croit en moi ». Le verbe crier est employé pour la Sagesse en Pr 1,20.

Or au chapitre 5 Jésus aussi se présente comme la Sagesse. C'est la Pa­role de Jésus qui guérit comme la Parole avait guéri en Sag 16,12 et au Ps 107,20.

Dans le judaïsme hellénistique, la fête des Tentes a reçu un supplé­ment de sens. Célébrée à l'équinoxe d'automne, la fête, selon Philon d'A­lexandrie nous enseigne à honorer l'égalité:

« D'une part, il faut honorer l'égalité et détester l'inégalité, car l'une est le principe et la source de la justice, l'autre, de l'injustice; l'une est pa­rente de la lumière sans ombre, l'autre des ténèbres. D'une part, c'est un devoir, après maturation complète de tous les fruits de rendre grâce au Dieu qui mène tout à son terme, qui est la cause de tous les biens » (Spec 2,204).

La fête n'est pas seulement symbole d'égalité qui est source de justice et de lumière, elle est aussi un symbole de repos. Tant que la récolte n'est pas faite, il faut sortir et chercher sous les arbres une ombre protectrice. Le repos n'est permis que lorsque la récolte est faite (Spec 2,206-207). Enfin, puisque le huitième jour de la fête est appelé exodion et que la fête est la dernière de l'année liturgique, Succot est un symbole d'accomplissement: « Le chiffre huit est le principe de la substance solide, obtenue par élé­vation à la puissance, dans l'évolution à partir des entités incorporelles; il est l'accomplissement de la substance spirituelle » (Spec 2, 212).

On pourrait dire que la fête est celle de la transition du monde maté­riel au monde immatériel. Bref, pour Philon la fête évoque l'espoir d'immortalité, la révélation de la lumière cosmique et la migration du monde présent au monde immatériel.

La littérature rabbinique voit également dans la tente une préfigura­tion du jour eschatologique19 et le symbole de la demeure des justes dans l'au-delà20. Cette demeure sera faite avec la peau de Leviathan21. Paul, en 2 Cor 5,1 appelle « tente » notre demeure terrestre qui sera détruite, alors que notre demeure éternelle sera dans les deux. Il exploite la typologie de la fête des Tentes comme préfiguration de la résurrection des corps22.

Si tous ces thèmes se rattachent à la fête des Tentes, on ne voit pas de motif suffisant pour nier à la fête de Jean 5,1 l'article. De ce fait même le rédacteur aurait alors en vue la fête des Tentes.

Il reste une dernière question à laquelle il faut tenter de donner une réponse. Pourquoi Jean n'attache-t-il aucune importance à la fête de la Pentecôte, alors que Pâque et les Tentes sont mis en lumière? A cette que­stion le chapitre 20 de Jean donne une réponse. Jean associe la Pâque et la Pentecôte. En effet, c'est le soir de Pâque que Jésus souffle sur les Apôtres et leur donne l'Esprit saint. C'est l'Esprit qui sera le principe de la nouvelle création.


 


 


 
 
 
 
 
 
Martín Carbajo Núñez - via Merulana, 124 - 00185 Roma - Italia
Questa pagina è anche attiva qui
Webmaster